Programme de découverte spatiale pour ceux qui mélangent les chiffres et la poésie
Autant de fois que j'ai peut-être rêvé participer à la Biennale de Québec
Performance, 2023-2024.
Ruban, encre, crayons de couleur et erreurs.
Entre le 31 août et le 23 février 2024, jour d’ouverture de Manif d’art 11, j’ai marqué l’heure de chacun de mes réveils à l’aide d’un tampon encreur sur un ruban de papier. Ce geste officialisait l’heure de mon réveil en repoussant à chaque fois la potentialité de ne pas me réveiller et célébrant, par la même occasion, la possibilité d’avoir peut-être rêvé de participer à la Biennale de Québec. Le 15 mars, j’ai infiltré l’Espace 400 pour y installer le ruban de 16 mètres puis photographier l’œuvre.
Texte du cartel d'exposition
Entre le 31 septembre 2023 et le 23 février 2024, jour d’ouverture de la Biennale de Québec Manif d’art 11, Julien Lebargy a apposé la marque de chacun de ses réveils à l’aide d’un tampon encreur. Ce geste officialisait l’heure de son réveil repoussant à chaque fois la potentialité de ne pas se réveiller et célébrant, par la même occasion, la possibilité d’avoir peut-être rêvé de participer à la Biennale de Québec.
En compilant toutes ces heures dédiées au sommeil, Julien Lebargy est en mesure d’affirmer qu’il a accordé quotidiennement 7h15 à somnoler, à rêver, à fantasmer ou à dormir.
Autocritique d’un besoin irrépressible de faire de l’art, l’artiste confesse son asservissement à la capitalisation du temps de production et ce, même sur ces heures de sommeil. Sous l’autorité du dictat de sa propre nécessité de produire, l’artiste est conduit à sacrifier le besoin de son corps au profit d’un besoin d’existence sociale. Il est dès lors amené à constater son manque d’efficience par l’utilisation inadéquate de ses ressources, et que l’efficacité de sa démarche est mise à mal par le silence des différentes autorités du milieu artistique de Québec.
Témoin de la disparition de son agentivité, Julien Lebargy s’est tourné vers la puissance de sa première action consciente du quotidien : se réveiller. Alors tel un administrateur dévoué à son oikonomia (gestion des affaires domestiques), il s’attarde à bâtir une représentation de sa pratique conceptuellement rigoureuse en faisant se rencontrer une esthétique de l’autorité administrative et une imperfection poétique du geste de l’artiste.
Non invité à la Biennale de Québec, l’artiste propose cette œuvre non commissariée par l’organisation, mais soutenue par le critique Jean-Baptiste Benoit.